Questions à la nièce de Abdelmadjid Adjabi Mme Faïza

Kabylienews
-Alors, Faïza, toujours subjuguée par ton oncle?

Faïza
- Oui et croyez moi être subjuguée par sa personne rahimah allah est le moins que je puisse dire.


Kabylienews
-Tu as tenu à rendre en arabe le texte d'un long entretien accordé par ton oncle en 1997, au journal El moudjahid.Etait-ce pour toi un défi linguistique, ou était ce que tu jugeais que le combat de ton oncle avait été marginalisé?

Faïza



- Défi linguistique ? Non pas du tout.D’ailleurs ma traduction était très simple .Toute personne sachant lire l’arabe peut , sans effort , comprendre le déroulement des faits . Ce qui a motivé essentiellement ma démarche c'est cette indifférence devant ce combat de mon oncle.
Beaucoup de questions se sont bouscoulées dans ma tête.Je me suis dit quel moudjahid doit- on être pour mériter , à sa mort , que la famille reçoive les condoléances du président ? doit-on avoir commencé le combat le 1er novembre ou après mais pas avant ? Mon oncle était l’enfant gâté d’une famille aisée El hamdoulillah.
Il a pourtant mené une vie très dure pour son pays .Il n'a eu aucune reconnaissance pour ce combat ! Pourquoi cette marginalisation ? était –il un témoin gênant ? Bref.... Dieu l’accueillera , in challah , dans son vaste paradis.


Kabylienews
Dis moi, cette histoire de maire maltais qui donne comme ça un million de centimes à ton oncle , c'est extraordinaire tout de même!!Tu as peut-être une idée ...une explication ...


Faïza


- J’ai été moi même stupéfaite par cette action dont parle mon oncle.Cela m'a poussée à demander des explications à ma mère qui m’a répondu : le maire maltais était un très bon ami à ton grand père et c’est d’ailleurs lui qui l’a aidé à fuir une mort certaine lors des massacres du 8 mai 1945. Ton grand père était recherché comme tous les intellectuels et tous les Algériens qui avaient une certaine notoriété.
Zouzou Demek avait six frères.Tous les Demek venaient à la ferme de mon grand père maternel ( adjabi rabah) vêtus en Kachabia pour donner leur contribution (El Ichtirak ) à l'ALN.
Cette ferme qui était un point de ralliement pour les combattants devait être brûlée par les moudjahidine avec le consentement de mon grand père et de mon oncle le jour où ce symbole de la Révolution devait être transformé en camp de concentration .
Pour en revenir à Zouzou Demek, ma mère a gardé en mémoire le refrain d'une chanson qui était en vogue à l'époque dans la région.Ce refrain disait à peu près ceci:
« Zouzou Demek bik el waqt elli s'âak
Trokt ferqate babak wa tebâ'at djeich el thoar
Ya Salah ya Ben Zidène mechatek frança hefiène
Ki djatt la Croix Rouge gâlett n'hawwess 'âla e Rrouge… »
J’ouvre une petite parenthèse pour dire que Salah ben Zidène Benteboula est mon oncle paternel ,Chahid.
e Rrouge que cherchaient les gens de la Croix Rouge est mon père Benteboula Abdallah.


Kabylienews
Les hommes exceptionnels intimident.Qu'ils le veuillent ou non il se crée entre eux et les hommes , disons , ordinaires, une certaine distance.Etait ce le cas pour tes relations avec ton oncle?

Faïza
- Je dirais oui et non .
Oui parce que toute la famille, pas seulement moi , évitait les visites sans motif valable pour ne pas le déranger et Non dans la mesure ou je guettais l’occasion de le voir parce que cela était toujours gratifiant de l'approcher. Et sur tous les plans.


Kabylienews
- As -tu un souvenir précis qui t'aura marqué dans ta relation à ton oncle?


Faïza


- Oui quand j’avais 4 à 5 ans je me souviens que j'achetais avec 1 dinar 1 kg de tomate , 1kg d’oignons et on me rendait la monnaie. Hé bien ! figurez vous que mon oncle me donnait à chaque rencontre avec lui un billet de 100 DA pour ....acheter des bonbons .Il me disait ceci : « tiens , petite , achète toi des bonbons. Je sais que ta maman ne te donne pas assez pour t'en payer » .Et je courais vite remettre ce trésor à ma mère.